Publier le montant des indemnités des élus
Rien n'est plus opaque, plus caché, plus secret, que le montant des diverses indemnités que perçoivent, à des titres variés, les élus locaux
Ceci participe au premier chef de la mauvaise habitude bien française consistant à celer tout ce qui concerne les revenus des personnes. C'est là une belle hypocrisie nationale, mais qui fait, hélas, l'objet d'un accord quasi général.
Or, dans le cas des indemnités versées aux élus, et, ce qui nous intéresse, les élus locaux, cette manie est tout à fait condamnable, car il s'agit de la redistribution de l'argent public, c'est-à-dire celui que l'on ponctionne, bon gré mal gré, sur les citoyens.
Cette méconnaissance induit des soupçons qui ne rendent pas service à ceux qui en sont l'objet, car la rumeur populaire leur attribue généralement des revenus bien supérieurs à la réalité, oubliant de tenir compte, par exemple, des plafonds légaux.
Rappelons l'origine de ces "indemnités" : elles sont apparues nécessaires avec la généralisation de la démocratisation. Elles avaient un double but : permettre aux citoyens peu fortunés, et non plus aux seuls notables, d'assumer un mandat. Mais aussi, elles compensent la perte financière qu'éprouve toute personne effectuant une activité rémunérée, à laquelle elle ne peut plus se consacrer entièrement. D'où le terme indemnités, qui suppose la compensation d'une perte.
Ces indemnités ont toutefois conduit à une dérive, dénoncée entre autres par André Tardieu dès les années 30 dans ses mémoires, "Profession parlementaire". La politique, dès le début du siècle dernier, est devenue un métier, ce qui est contraire à l'idéal républicain.
Un autre reproche que l'on peut adresser à ces "indemnités", qui sont en réalité un salaire mais qui échappe largement aux contraintes sociales et fiscales de celui-ci, est la non-prise en compte des situations particulières : ainsi, un retraité, qui n'a aucune activité professionnelle, est-il amené à percevoir la même indemnité qu'un salarié ou un chef d'entreprise qui lui, prend sur son temps de travail.
Bien entendu, c'est en permanence le bureau des pleurs chez les bénéficiaires, lesquels s'accordent toujours, au-delà des clivages partisans, pour clamer l'insuffisance des indemnités, et assurer leur revalorisation chaque fois que c'est possible, avec une belle unanimité.
Si l'on admet la légitimité de ces versements ainsi que leur montant, il n'en demeure pas moins que le secret qui les entoure est profondément anti-républicain.
Que gagne un maire, président de conseil départemental? Que gagne un adjoint, un simple conseiller? On sait qu'à Vallauris, malgré des déclarations d'avant-campagne, les conseillers d'opposition ne touchent rien.
Mais aussi, il règne l'opacité la plus totale sur les versements dus aux vice-présidences de sociétés d'économie mixtes (SEM), qui peuvent atteindre des plafonds élevés, et qui se cumulent aux autres indemnités.
En définitive, pour beaucoup, loin d'être un apostolat, l'élection se révèle une bonne affaire, et peu d'élus renoncent pour autant aux revenus de leur profession "civile".
Si les élus font bien leur travail, il n'y a peut-être rien à redire; s'ils le font mal ou pas du tout, il y a abus.
Pourquoi les citoyens ne seraient-ils pas informés de l'emploi de leurs deniers?
Introduire une obligation de publier les indemnités des élus paraît une évidence...Cela pourrait être un engagement dans une ville comme Vallauris.
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